Les loups de France sont bien des loups, et non des hybrides

Des syndicats d’éleveurs s’insurgent contre la possible protection réglementaire des « hybrides loup/chien » en Europe par la Convention de Berne, certains allant même jusqu’à demander qu’on ne protège plus les loups puisqu’ils seraient tous, d’après eux, des hybrides. Face à cette méconnaissance fondamentale, les associations de CAP Loup tiennent à rétablir quelques éléments factuels et scientifiques pour une meilleure compréhension d’une question complexe.

Deux cousins apparentés mais bien distincts
Les chiens actuels (Canis lupus familiaris) sont les descendants des premiers chiens apparus il y a environ 15 000 ans suite à la domestication par l’homme de certains loups (Canis lupus). Chiens et loups sont donc de la même espèce, et des croisements ont pu continuer à se produire en faible quantité au fil de l’histoire. Mais les études les plus récentes montrent que le loup et le chien restent génétiquement bien séparés : les loups restent des loups, et les chiens restent des chiens.

→ Télécharger les publications scientifiques suivantes :
mini-logo_pdfFreedman A.H., Gronau I., Schweizer R.M., Ortega-Del Vecchyo D., Han E., et al. (2014). Genome sequencing highlights the dynamic early history of dogs. PLoS Genet 10 (1): e1004016. doi:10.1371/journal.pgen.1004016.

mini-logo_pdfSkoglund P., Gotherstrom A., Jakobsson M. (2011). Estimation of population divergence times from non-overlapping genomic sequences: examples from dogs and wolves. Mol Biol Evol 28: 1505–1517.

mini-logo_pdfVerardi, A., Lucchini, V., Randi, E. (2006). Detecting introgressive hybridization between free-ranging domestic dogs and wild wolves (Canis lupus) by admixture linkage disequilibrium analysis. Molecular Ecology 15: 2845-2855.

L’hybridation, une question à prendre en compte sereinement
Depuis quelques années dans certains endroits d’Europe (Italie, Espagne, Suède, Lettonie, Estonie) mais pas encore en France, les scientifiques détectent parmi la population de loups des hybrides, résultant de croisements récents ou plus anciens entre des loups et des chiens divagants. Si beaucoup d’hybridation se produit parmi une population de loups, ses caractéristiques génétiques peuvent en être modifiées. L’hybridation doit donc être surveillée et réduite au maximum. Là où elle est constatée à ce jour, elle concernerait 5% des individus, ne remettant pas en cause le loup en tant que tel, ni dans son patrimoine génétique, ni dans son rôle fonctionnel dans les écosystèmes.

Téléchargez les publications scientifiques suivantes :
mini-logo_pdfRandi E., Hulva P., Fabbri E., Galaverni M., Galov A., et al. (2014). Multilocus detection of wolf x dog hybridization in Italy, and guidelines for marker selection. PLoS ONE 9(1): e86409. doi:10.1371/journal.pone.0086409.

mini-logo_pdfHindrikson M., Männil. P., Ozolins J., Krzywinski A., Saarma U. (2012). Bucking the trend in wolf-dog hybridization: first evidence from Europe of hybridization between Female dogs and male wolves. PLoS ONE 7(10): e46465. doi:10.1371/journal.pone.0046465.

mini-logo_pdfBoitani L. (2000). Action plan for the conservation of the wolves (Canis lupus) in Europe, Nature and Environment No. 113 (Council of Europe Publishing).

Il s’agit bien de protéger les loups
La protection réglementaire des hybrides loup/chien a pour but d’éviter la destruction incontrôlée des loups, pour la simple raison que loups et hybrides peuvent être impossibles à différencier visuellement. Parallèlement, cette protection réglementaire n’empêchera pas les États de mener une politique visant à empêcher l’expansion des hybrides parmi la population de loups, comme le fait déjà l’Italie. Si des hybrides étaient identifiés à l’avenir en France et devaient être retirés du milieu naturel dans l’intérêt de la protection du loup, la décision et la mise en œuvre en reviendrait à l’État, à partir des connaissances scientifiques.

Les associations de CAP Loup